En septembre 2025, la Roumanie se trouve à un carrefour décisif dans le secteur des jeux de hasard alors que les autorités municipales soutiennent une proposition de loi qui transférerait des pouvoirs significatifs du Bureau National des Jeux (ONJN) aux gouvernements locaux. Ce projet, présenté par le Ministère du Développement, permettrait aux maires et conseils municipaux de délivrer de nouvelles « autorisations de zonage », leur conférant ainsi la capacité de décider de l’emplacement des salles de jeux et des casinos.
Le contexte économique et industriel en Roumanie montre que le secteur des jeux de hasard a connu une croissance rapide au cours de la dernière décennie, contribuant de manière significative aux recettes fiscales du pays. Cependant, cette expansion rapide a également suscité des préoccupations croissantes parmi les habitants des zones urbaines, qui considèrent que la prolifération des salles de jeux peut avoir un impact négatif sur leur communauté. En réponse, les municipalités souhaitent désormais avoir un mot à dire plus important sur l’implantation de ces établissements.
« Il est temps que nous ayons le contrôle local sur ces décisions », a exprimé un maire, reflétant le sentiment largement partagé parmi ses pairs. La proposition de transfert de pouvoir est perçue comme une étape nécessaire pour équilibrer le développement économique avec le bien-être social des communautés locales.
Les partisans de ce projet affirment qu’une régulation locale permettra une approche plus personnalisée, prenant en compte les spécificités et les besoins uniques de chaque région. Par exemple, une ville qui souhaite encourager le tourisme pourrait décider de favoriser l’implantation de casinos, tandis qu’une autre, préoccupée par l’impact social, pourrait restreindre leur nombre.
Cependant, cette proposition rencontre également une opposition notable. Les critiques soutiennent que la décentralisation de la régulation pourrait engendrer une fragmentation du marché, rendant plus difficile l’établissement de normes cohérentes et la garantie de pratiques équitables. Les opérateurs de jeux de hasard, en particulier, expriment leurs inquiétudes concernant une possible augmentation des coûts et des complexités administratives liées à la navigation dans une multitude de régulations locales.
D’un point de vue économique, la mise en œuvre de cette proposition pourrait avoir des effets variés. Pour les régions qui choisissent de limiter l’expansion des jeux de hasard, cela pourrait signifier une diminution des recettes fiscales locales et une réduction des opportunités d’emploi. À l’inverse, des municipalités qui adoptent une approche plus libérale pourraient voir un afflux d’investissements et une croissance économique accrue.
La question de la responsabilité dans l’industrie du jeu est également au cœur de ce débat. Les défenseurs de la décentralisation arguent que les gouvernements locaux sont mieux placés pour comprendre et répondre aux préoccupations des résidents, notamment en matière de sécurité publique et de prévention des dépendances. Cependant, sans une coordination nationale, il existe un risque que certaines régions ne mettent pas en place des mesures adéquates pour faire face à ces défis.
Un autre aspect crucial de cette discussion est l’impact potentiel sur l’image du pays en tant que destination pour les investisseurs étrangers dans le secteur du jeu. Une régulation incohérente pourrait rendre le marché roumain moins attrayant pour les grandes entreprises internationales, freinant ainsi le flux d’investissements étrangers directs.
Un contrepoint à cette proposition est que le contrôle local pourrait favoriser des pratiques plus responsables et éthiques dans l’industrie du jeu. En établissant des lignes directrices adaptées aux préoccupations locales, les gouvernements municipaux pourraient créer un environnement où les opérateurs de jeux de hasard doivent se conformer à des normes élevées de responsabilité sociale.
La discussion autour de ce projet législatif souligne l’importance de trouver un équilibre entre la croissance économique et la responsabilité sociale. Tandis que le débat se poursuit, le gouvernement central devra peser soigneusement les avantages et les inconvénients de céder une partie de son autorité aux régulations locales.
L’issue de cette proposition pourrait avoir des répercussions significatives non seulement pour le secteur du jeu en Roumanie, mais aussi pour d’autres secteurs où la balance entre contrôle centralisé et autonomie locale est débattue. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer l’avenir de cette législation et l’impact qu’elle aura sur le paysage des jeux de hasard en Roumanie.

Mathieu travaille dans l’industrie du iGaming depuis plus de 6 ans en tant que rédacteur et manager, principalement sur les marchés francophones.