Le 7 octobre 2025, la Thaïlande est sur le point de devenir le premier pays de l’ASEAN à promulguer une législation dédiée au secteur des jeux avec l’introduction de la Loi sur la Promotion de l’Industrie du Jeu. Cette loi proposée vise à répondre aux préoccupations croissantes concernant les éléments de « jeux de hasard cachés » dans les jeux vidéo, tels que les systèmes de récompenses aléatoires, les loot boxes, et les mécanismes d’accumulation de points échangeables contre des prix.
Ce projet de loi intervient dans un contexte où l’industrie des jeux vidéo connaît une croissance exponentielle, non seulement en Thaïlande mais également dans le monde entier. L’essor des microtransactions et des loot boxes, souvent comparées à des jeux de hasard en raison de leur nature imprévisible et addictive, a suscité des débats mondiaux sur la nécessité de réglementations plus strictes. Les législateurs thaïlandais estiment que ces éléments peuvent encourager des comportements similaires à ceux des jeux d’argent, exposant les jeunes joueurs à des risques d’addiction.
« Il est impératif d’agir maintenant pour protéger notre jeunesse et garantir que notre industrie du jeu reste saine et responsable, » a résonné un député thaïlandais, reflétant l’avis général au sein du gouvernement. La réaction de l’industrie du jeu en Thaïlande a été mitigée. Certaines entreprises saluent l’initiative, y voyant une opportunité de promouvoir un jeu plus éthique, tandis que d’autres craignent que des réglementations trop strictes ne freinent l’innovation et la croissance du secteur.
En 2024, les revenus générés par l’industrie du jeu en Thaïlande ont dépassé les 2 milliards de dollars, ce qui souligne l’importance économique de ce secteur. Toutefois, l’absence de réglementation claire a permis à certaines pratiques controversées de prospérer. La nouvelle loi vise à combler ces lacunes en imposant des limites sur l’utilisation des loot boxes et en introduisant des mesures de transparence pour informer les consommateurs des probabilités de gain.
« Nous devons assurer une transparence totale pour les joueurs, » a insisté un cadre de l’industrie, soulignant l’importance de fournir aux joueurs un aperçu clair des chances associées aux achats dans le jeu. Cette transparence est perçue comme un moyen de réduire les risques de comportement compulsif.
Cependant, certains experts remettent en question l’efficacité potentielle de cette législation. La réglementation des loot boxes a été un sujet de débat dans plusieurs pays, notamment en Europe, où certaines lois ont été jugées difficiles à appliquer. En Belgique, par exemple, les loot boxes ont été interdites après avoir été classées comme jeux de hasard, mais l’application de cette interdiction a été complexe et a rencontré des résistances de la part des développeurs de jeux.
Un analyste du marché a souligné que « si la réglementation est trop stricte, elle pourrait pousser les développeurs à chercher des marchés moins réglementés, ce qui pourrait nuire à la compétitivité de la Thaïlande. » Cette incertitude souligne la nécessité d’un équilibre entre protection des consommateurs et soutien à l’innovation.
En dépit de ces défis, la Thaïlande semble déterminée à aller de l’avant avec sa législation. Le gouvernement envisage également de mettre en place des programmes éducatifs pour sensibiliser le public aux risques potentiels des pratiques de jeux de hasard cachés.
L’impact de cette législation pourrait s’étendre au-delà des frontières thaïlandaises, influençant d’autres pays de l’ASEAN à envisager des réglementations similaires. Alors que le marché mondial des jeux vidéo continue de croître, atteignant des dizaines de milliards de dollars, la question de la réglementation des mécanismes de jeu devient de plus en plus pertinente.
Des voix critiques expriment cependant que des solutions alternatives pourraient être explorées, telles que l’autorégulation par l’industrie elle-même. Certains développeurs ont déjà commencé à ajuster volontairement leurs pratiques en réponse aux préoccupations des consommateurs, une tendance que la législation pourrait encourager davantage.
En conclusion, alors que la Thaïlande se prépare à franchir cette étape législative majeure, l’industrie du jeu pourrait entrer dans une nouvelle ère de transparence et de responsabilité. Le succès de cette initiative dépendra de l’efficacité de son application et de sa capacité à équilibrer protection des joueurs et dynamisme économique. Pour le moment, tous les regards sont tournés vers la Thaïlande, qui pourrait bien tracer la voie pour d’autres nations confrontées à des défis similaires.

Mathieu travaille dans l’industrie du iGaming depuis plus de 6 ans en tant que rédacteur et manager, principalement sur les marchés francophones.