En 2025, après dix ans de gestion d’un casino déficitaire en Corée du Sud, Bloomberry Resorts Corporation, dirigée par le magnat Enrique Razon Jr., a annoncé la vente officielle de son activité de jeu sur l’île de Jeju. La société basée aux Philippines a confirmé avoir conclu un accord pour céder son opération de casino sud-coréenne à Gangwon Blue Mountain Co., marquant ainsi son retrait total du marché de l’île.
Cette décision intervient alors que le marché des casinos en Corée du Sud est confronté à des défis croissants, notamment la concurrence accrue et la réglementation stricte qui ont pesé sur les bénéfices des opérateurs étrangers. Depuis son acquisition en 2015, le Jeju Sun n’a cessé de subir des pertes financières, ce qui a finalement conduit Bloomberry à reconsidérer sa position sur ce marché. « Il était temps de réaligner nos priorités et de nous concentrer sur des marchés plus porteurs », a-t-on laissé entendre du côté de l’entreprise, suggérant que la stratégie future de Bloomberry sera davantage orientée vers le renforcement de ses opérations locales aux Philippines, en particulier avec le développement de nouveaux complexes intégrés.
L’industrie du jeu en Asie a vu une croissance rapide au cours de la dernière décennie, mais des marchés comme celui de la Corée du Sud ont montré des signes de saturation. Les casinos, pour la plupart destinés aux étrangers, peinent à attirer un nombre suffisant de visiteurs, notamment en raison de la concurrence de destinations de jeux plus établies comme Macao et Singapour. De plus, les restrictions de voyage et les politiques de quarantaine pendant la pandémie de COVID-19 ont encore aggravé la situation pour des établissements déjà en difficulté.
Bloomberry n’est pas la seule entreprise à avoir fait face à des difficultés en Corée du Sud. D’autres opérateurs ont également ressenti le poids des régulations strictes et de l’environnement commercial compétitif. Cependant, certains experts du secteur soulignent que malgré les défis, le marché coréen possède un potentiel inexploité, en particulier si des réformes réglementaires sont mises en place pour encourager les investissements et attirer une clientèle plus large, incluant les résidents locaux.
Les investisseurs sud-coréens, représentés par Gangwon Blue Mountain Co., semblent partager cet optimisme. Ils prévoient de revitaliser le casino Jeju Sun avec une stratégie de marketing renouvelée et des investissements dans les infrastructures pour faire du site une destination de choix. Selon des sources internes, leur plan inclut l’exploitation d’une approche plus ciblée pour attirer les visiteurs de Chine, un marché clé dont l’afflux a été limité ces dernières années. « Avec la bonne stratégie, nous croyons que Jeju peut devenir un pôle d’attraction majeur pour les touristes en Asie », estiment des proches du dossier.
Cependant, certains analystes restent sceptiques quant à la faisabilité de cette ambition. Le marché des casinos en Corée du Sud est en effet restreint par le fait que les résidents locaux sont interdits de jeu dans tous les casinos, à l’exception d’un seul établissement situé à des kilomètres de la capitale. Ce cadre restrictif constitue un obstacle majeur à la croissance et à la rentabilité des opérations de casino dans le pays.
En réponse à ces préoccupations, le gouvernement coréen pourrait envisager une révision de sa politique de jeu pour stimuler le secteur. Une telle réforme pourrait, par exemple, inclure l’autorisation pour un plus grand nombre de résidents de participer aux activités de casino, un changement qui pourrait transformer le paysage économique de l’île de Jeju et de la région dans son ensemble.
Pour Bloomberry, la vente du Jeju Sun représente une opportunité de rediriger ses ressources vers le développement de ses projets au sein des Philippines où le marché est en expansion. Le groupe prévoit notamment de renforcer sa présence à Manille avec l’ouverture de nouveaux complexes qui pourraient accueillir un nombre croissant de touristes, stimulant ainsi l’économie locale.
Cette vente pourrait également inciter d’autres opérateurs à réévaluer leur position dans le marché sud-coréen, poussant potentiellement à un remaniement de l’industrie du jeu dans la région. La décision de Bloomberry pourrait ainsi servir de catalyseur pour des changements plus larges dans le secteur, avec des implications significatives pour les politiques économiques et touristiques de la Corée du Sud.
Finalement, la situation met en exergue le dilemme auquel sont confrontés de nombreux opérateurs de casino en Asie : comment équilibrer les investissements entre des marchés matures mais saturés, et des marchés émergents mais risqués. Dans ce contexte, la vente du Jeju Sun par Bloomberry pourrait bien être un tournant pour l’industrie, une décision stratégique qui pourrait redéfinir les contours de l’expansion du jeu en Asie dans les années à venir.

Mathieu travaille dans l’industrie du iGaming depuis plus de 6 ans en tant que rédacteur et manager, principalement sur les marchés francophones.