Le 24 novembre 2025, l’influent milliardaire australien James Packer a vivement critiqué les régulateurs de l’État ainsi que l’ancien Premier ministre victorien Daniel Andrews, estimant qu’ils ont causé des dommages significatifs et durables au secteur des casinos en Australie. Lors d’une interview approfondie avec le magazine Rampart, Packer a réexaminé les controverses qui ont assailli Crown Resorts, une entreprise emblématique qu’il a fondée et qui a longtemps été au cœur de l’industrie des jeux en Australie.
Cette attaque de Packer ne se contente pas de décrier la gestion réglementaire mais vise également les décisions politiques qui, selon lui, ont miné la compétitivité et la réputation des casinos australiens. Il a évoqué les enquêtes rigoureuses et les modifications réglementaires imposées à Crown, soulignant que ces actions ont souvent été excessives et mal ciblées. « Ils ont détruit ce que nous avons construit », aurait-il exprimé avec amertume, soulignant les pertes en termes de places de travail et de revenus fiscales pour l’État.
Depuis 2021, Crown Resorts a traversé une période tumultueuse, marquée par des enquêtes publiques et une surveillance accrue à la suite de révélations de pratiques inappropriées, notamment le blanchiment d’argent. Les retombées ont conduit à des réformes sévères, y compris la révocation temporaire de certaines licences de casino en Victoria et en Nouvelle-Galles du Sud. Pour Packer, ces mesures ont été plus punitives que réformatrices, assénant un coup dur à l’industrie toute entière.
Dans un contexte économique déjà fragile, exacerbé par des fluctuations globales et une reprise post-pandémique incertaine, les régulations supplémentaires ont rendu difficile le maintien de la rentabilité pour les opérateurs de casinos australiens. La position de Packer trouve un écho parmi certains analystes du secteur qui estiment que bien que la régulation soit nécessaire, une approche plus équilibrée aurait permis de préserver les actifs tout en renforçant la conformité.
Cependant, un autre point de vue émerge des défenseurs des réformes, qui soutiennent que les actions entreprises étaient essentielles pour restaurer l’intégrité et garantir un fonctionnement éthique des casinos. Ils arguent que sans ces mesures, le secteur des jeux risquait de perdre la confiance du public, un atout primordial pour sa pérennité. « Il fallait faire le ménage pour assurer la transparence et la responsabilité », disent-ils, soulignant l’importance d’une approche durable plutôt qu’à court terme.
La critique de Packer ne repose pas uniquement sur des considérations économiques; elle s’ancre également dans une frustration personnelle face à ce qu’il perçoit comme une réglementation excessive portée par des motivations politiques. Il pointe du doigt l’ancienne administration d’Andrews, accusée d’avoir utilisé les réformes comme levier politique. Cette accusation, bien que forte, souligne les tensions persistantes entre les intérêts commerciaux et les impératifs de gouvernance publique.
Dans le paysage plus vaste de l’industrie mondiale du jeu, qui traverse ses propres défis liés à la réglementation et à l’innovation technologique, la situation en Australie offre des leçons potentiellement instructives. D’un côté, le renforcement des normes de conformité apparaît comme une nécessité pour maintenir l’acceptabilité sociale et la viabilité à long terme; de l’autre, trop de contraintes peuvent étouffer l’innovation et la compétitivité, nécessaire à une industrie en constante évolution.
Les opinions divergent quant à la voie à suivre. Certains préconisent une révision des politiques actuelles pour favoriser une approche plus collaborative entre les régulateurs et les entreprises, soulignant que le dialogue peut souvent aboutir à des solutions plus viables. D’autres, en revanche, insistent sur la nécessité de maintenir une ligne dure pour prévenir les abus et protéger les communautés contre les effets négatifs potentiels des jeux d’argent.
L’avenir du secteur des casinos en Australie dépendra sans doute de sa capacité à naviguer entre ces deux perspectives. Une chose reste claire : pour Packer et d’autres acteurs de l’industrie, le défi consiste à rétablir la confiance tout en soutenant la croissance et l’innovation dans un cadre réglementaire robuste mais équitable. Tandis que la discussion se poursuit, l’industrie observe attentivement, espérant tourner la page sur ces années tumultueuses et embrasser un avenir plus stable et prospère.

Mathieu travaille dans l’industrie du iGaming depuis plus de 6 ans en tant que rédacteur et manager, principalement sur les marchés francophones.