En novembre 2025, une étude menée par EY et présentée par l’association espagnole de jeux en ligne JDigital révèle que l’activité de jeu d’argent en ligne sur le marché noir est bien plus répandue en Espagne que ce que les autorités avaient précédemment estimé. Cette recherche marque la première fois que des analystes ont assemblé une image détaillée de la mesure dans laquelle les opérateurs non réglementés ont pénétré le paysage numérique des paris dans le pays.
Selon l’étude, les opérateurs illégaux représentent désormais une part significative du marché espagnol des jeux d’argent en ligne, suscitant des inquiétudes quant à l’impact économique et social de ces activités clandestines. En effet, le manque de réglementation expose les joueurs à des risques accrus de fraude et de dépendance, tout en privant le gouvernement de revenus fiscaux potentiels. Ce constat souligne l’urgence pour les régulateurs d’agir pour endiguer cette marée noire dans le secteur des jeux.
Le marché des jeux d’argent en ligne en Espagne a connu une croissance rapide ces dernières années, alimentée par l’augmentation de l’accès à Internet et la popularité croissante des paris sportifs et des casinos en ligne. Cependant, cette expansion rapide a également facilité la prolifération des opérateurs illégaux, qui échappent aux contrôles réglementaires imposés aux entreprises légitimes. « C’est comme essayer de contenir de l’eau dans les mains », ont ressenti certains experts, indiquant l’ampleur du défi auquel sont confrontés les régulateurs.
Dans ce contexte, le rapport d’EY met en lumière plusieurs facteurs qui ont contribué à l’essor du marché noir. L’un des principaux aspects est la capacité des opérateurs illégaux à offrir des cotes plus attractives et des incitations financières que leurs homologues réglementés, ce qui attire un nombre croissant de joueurs vers leurs plateformes. De plus, la flexibilité et l’anonymat offerts par ces opérateurs non réglementés séduisent particulièrement les jeunes utilisateurs, qui sont plus enclins à prendre des risques.
L’impact économique de ces activités illégales est également préoccupant, car elles privent l’État de revenus fiscaux substantiels. Selon l’étude, le marché noir représente potentiellement des dizaines de millions d’euros de pertes fiscales annuelles pour le gouvernement espagnol. En outre, cette situation met en péril les opérateurs légitimes qui se conforment aux réglementations strictes et paient leurs impôts, créant ainsi un désavantage concurrentiel pour ceux qui respectent la loi.
En réponse à ces défis, JDigital a exhorté le gouvernement à intensifier ses efforts pour lutter contre le marché noir des jeux d’argent en ligne. Ils recommandent la mise en place de mesures plus strictes pour identifier et poursuivre les opérateurs illégaux, ainsi que l’introduction de nouvelles technologies pour surveiller les activités suspectes. « Il est essentiel que nous protégions nos joueurs et préservions l’intégrité de notre marché », ont-ils souligné, reflétant l’urgence d’une action concertée.
Cependant, certains experts suggèrent qu’une simple répression ne suffira pas à endiguer le phénomène. Ils soutiennent que des solutions plus innovantes pourraient être nécessaires pour répondre aux besoins des joueurs tout en les incitant à choisir des plateformes réglementées. Par exemple, l’amélioration de l’expérience utilisateur et des offres promotionnelles sur les sites légaux pourraient aider à faire basculer la balance en faveur des opérateurs légitimes.
En parallèle, un débat s’anime sur l’importance d’une collaboration internationale pour combattre le marché noir des jeux, car les opérateurs illégaux opèrent souvent à partir de juridictions offshore, échappant aux lois locales. Un cadre de coopération transfrontalière pourrait offrir de nouveaux outils pour restreindre l’accès à ces services illégaux et protéger les joueurs à l’échelle mondiale.
Un autre point de vue met en avant que la légalisation et la réglementation plus flexibles du marché des jeux pourraient potentiellement absorber les opérateurs illégaux dans le giron légal, offrant ainsi une solution durable au problème. En régularisant certaines formes de jeu actuellement non couvertes par la loi, l’État pourrait non seulement accroître ses recettes fiscales, mais aussi garantir une meilleure protection des consommateurs.
Cette nouvelle étude d’EY représente un signal d’alarme pour les autorités espagnoles, soulignant l’importance de réagir rapidement et efficacement pour protéger les joueurs et assurer la viabilité économique du marché des jeux d’argent en ligne. À mesure que la technologie continue de transformer le secteur, il devient essentiel que les politiques publiques évoluent de concert pour répondre aux défis du XXIe siècle. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer la direction que prendra le marché espagnol des jeux d’argent en ligne face à cette menace croissante du marché noir.
Mathieu travaille dans l’industrie du iGaming depuis plus de 6 ans en tant que rédacteur et manager, principalement sur les marchés francophones.