En septembre 2025, la récente initiative de Curaçao visant à moderniser sa régulation du jeu a rencontré un obstacle majeur avec la démission soudaine de l’intégralité du Conseil de Surveillance de l’Autorité de Jeu de Curaçao (CGA). Les commissaires Shelwyn Salesia, Robert Reijnaert et Ildefons Simon ont quitté leurs fonctions, laissant ainsi cet organisme nouvellement créé sans conseil d’administration, à peine trois mois après son lancement officiel sous le cadre de jeu remanié de l’île.
Le départ de ces membres clés a semé le doute sur l’avenir des réformes réglementaires de Curaçao, qui visaient à aligner les pratiques locales sur les normes internationales. Ces réformes, saluées par l’industrie comme un pas nécessaire pour attirer plus d’investissements étrangers, avaient pour but d’assurer une meilleure transparence et un contrôle renforcé du secteur des jeux de hasard. Cependant, avec l’absence d’une direction claire, les observateurs craignent une stagnation des efforts de modernisation.
Un analyste du secteur a souligné l’importance cruciale de ces réformes pour l’économie locale. « Curaçao ne peut pas se permettre de laisser ses progrès en matière de régulation du jeu s’effondrer », a-t-il estimé, notant que l’industrie du jeu représente une part significative du PIB de l’île. La modernisation a été perçue comme un moyen de renforcer la réputation de l’île en tant que juridiction sérieuse et fiable dans le domaine des jeux en ligne.
Les membres démissionnaires n’ont pas explicitement divulgué les raisons de leur départ, mais des sources proches du dossier évoquent des divergences internes quant à la direction et aux priorités de l’Autorité. Sans une gouvernance stable, les acteurs du marché craignent que les investisseurs potentiels ne soient dissuadés, freinant ainsi la croissance anticipée du secteur.
Le secteur des jeux à Curaçao, longtemps critiqué pour son manque de rigueur réglementaire, était en voie de transformation depuis la mise en place du nouveau cadre légal en juillet dernier. L’objectif était de créer un environnement réglementaire plus strict qui offrirait des garanties accrues aux opérateurs légitimes tout en éliminant les acteurs douteux. Les efforts de modernisation comprenaient l’introduction de nouvelles licences et des vérifications accrues des antécédents des opérateurs.
En réponse à cette crise de gouvernance, le gouvernement de Curaçao a annoncé des mesures pour reconstituer rapidement le Conseil de Surveillance. Des consultations ont été lancées pour nommer de nouveaux membres capables de poursuivre les réformes essentielles. Cependant, la tâche s’annonce ardue compte tenu de la nécessité de trouver des personnes ayant à la fois l’expertise sectorielle et la capacité de naviguer dans les complexités politiques locales.
Un autre point de vue suggère que cette situation pourrait offrir une opportunité de réévaluer certaines des politiques contestées de la CGA. Certains experts estiment que la structure de gouvernance initiale était trop rigide et ne reflétait pas suffisamment les besoins des différents acteurs du secteur. « La crise actuelle pourrait être le catalyseur pour un dialogue plus inclusif et des réformes encore plus ambitieuses », a avancé un critique, soulignant le besoin d’une approche plus collaborative.
Néanmoins, l’incertitude qui plane sur la CGA risque de retarder la mise en œuvre des nouvelles licences et de freiner l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché local. Les concurrents régionaux, notamment Malte et Gibraltar, pourraient en profiter pour capter une part de marché plus importante, offrant des environnements réglementaires plus stables et attractifs.
Le ministre des Finances de Curaçao a récemment pris la parole pour rassurer les acteurs de l’industrie, affirmant que le gouvernement reste engagé à mener à bien les réformes et à restaurer la confiance dans le cadre réglementaire. « Nous reconnaissons les défis actuels, mais nous sommes déterminés à assurer que Curaçao demeure un leader dans le secteur des jeux de hasard », a-t-il déclaré, promettant des annonces concrètes dans les semaines à venir.
La communauté internationale suivra de près l’évolution de la situation à Curaçao, car le succès ou l’échec de ces réformes pourrait avoir des implications pour la régulation du jeu dans d’autres petites juridictions. Pour l’heure, l’île se trouve à un carrefour crucial : soit elle parvient à stabiliser sa structure de régulation et à relancer ses efforts de modernisation, soit elle risque de perdre son avantage compétitif dans un secteur en pleine croissance.

Mathieu travaille dans l’industrie du iGaming depuis plus de 6 ans en tant que rédacteur et manager, principalement sur les marchés francophones.